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Billeterie

La Tribune de Carole Bordes

Formée par les descendants de Matt Mattox, chorégraphe américain visionnaire des années 1980 qui bouscula l’enseignement du Modern-Jazz en Europe, puis par le maître lui-même, Carole Bordes rend hommage à son esthétique de coeur dans son nouveau spectacle Matt et Moi. À travers ce duo électrique avec Samuel Ber, virtuose de la batterie, elle interroge la progressive invisibilisation de ce courant de danse en France. Pourquoi est-il l’un des plus enseignés et pourtant l’un des moins représentés sur scène ? Elle tente de nous répondre.

Comme beaucoup d’autres enfants, j’ai commencé la danse dans une petite école de Seine et Marne. À cette époque, j’apprenais la « méthode Mattox » sans le savoir. Cette dernière deviendra ma gestuelle de prédilection. J’ai poursuivi ma formation et intégré différentes compagnies, jazz ou non. J’ai très rapidement senti que cette esthétique que j’aimais tant n’était plus considérée comme actuelle par beaucoup. Elle souffrait d’un certain nombre de clichés l’associant systématiquement au cabaret et aux shows télévisés, ce qui n’était pas le cas lorsqu’elle s’est répandue en France dans les années 70. Contrairement à la musique jazz, toujours perçue comme en perpétuel renouvellement, le milieu professionnel lui reprochait une sorte d’immobilisme. Pour ne pas être associés à ces stéréotypes, les collectifs de danseur.ses jazz se sont fait moins nombreux ou plus discrets, ne revendiquant pas toujours leur filiation, et se sont dirigés vers d’autres styles de danse. Néanmoins, je sens que les choses s’apprêtent à changer. Les danses actuelles demandent une certaine physicalité que les danseur·ses jazz ont dévelopée étant donné leur formation, ce qui permet au jazz d’évoluer et de s’hybrider de nouveau. De mon côté, j’ai senti le besoin de revenir à cette esthétique qui m’a construite avec Matt et Moi. En la confrontant à ma contemporanéité, je crée une gestuelle qui m’appartient, ce qui participe à lui donner un nouveau souffle.

Tribune issue de la Gazette n°5, à découvrir en intégralité par ici.